Le télétravail : tout le monde se l’arrache

Avant le premier confinement, seulement 8 % environ des entreprises françaises avaient mis en place une forme de travail à distance. Ces chiffres ont explosé au cours de ces deux dernières années. Tous ceux qui avaient la possibilité de travailler à domicile y ont été encouragés (voire contraints). C’est ainsi que plus de 5 millions d’employés se sont retrouvés en réunion Zoom depuis leur salon.

Le télétravail et son histoire

Une petite définition s’impose

À partir du moment où l’employé effectue une tâche professionnelle en dehors des bureaux de l’entreprise, c’est considéré comme du travail à distance, soit du télétravail.

Cependant, il peut se différencier en matière de fréquence et de lieu. Par exemple, dans certaines entreprises, les employés ont la possibilité de télétravailler quand ils le souhaitent, pendant plusieurs jours par semaine. Alors que l’on associe le travail à distance avec le domicile, de nombreux salariés alternent entre le travail depuis la maison et la fréquentation de cafés ou d’espaces de coworking (dans la mesure du possible par rapport à la crise sanitaire bien évidemment). Tant que le lieu est approuvé par l’employeur, on peut travailler depuis n’importe où (tant qu’il y a du Wi-Fi).

Pas de surprise, certains emplois ne peuvent s’effectuer à distance. Il est certainement plus facile de travailler à distance lorsqu’on est un web designer, un graphiste, etc. Toutefois, si vous travaillez en tant qu’enseignant dans une école physique ou si vous fournissez un service en personne, le travail à distance est loin d’être une solution.

L’évolution du travail depuis la pandémie

Il ne faut pas être un génie pour s’en rendre compte, le télétravail est en train de remodeler les vies professionnelle et personnelle des individus. Les lieux de travail, bureaux, etc. connaissent depuis plusieurs années des changements importants. L’une des raisons est repose sur les exigences des nouveaux arrivants dans le monde du travail : les millenials. Les nouvelles technologies permettant de rendre le télétravail plus facile et même plus efficace, et encouragent ces nouveaux travailleurs à obtenir plus de flexibilité.

Par conséquent, le critère de télétravail est devenu de plus en plus commun pendant la recherche d’emploi. De même pour les entreprises qui, pour certaines, voient une opportunité d’étendre leur champ de recrutement, au-delà des frontières françaises.

En 2021 et certainement durant les années suivantes aussi, il est de plus en plus facile de travailler avec des collègues qui se trouvent n’importe où dans le monde.

Le télétravail s’installe paisiblement

En France, une récente étude d’Eurostat démontre que le pourcentage de personnes travaillant à domicile est de 6,6 %. Par rapport aux autres pays de l’Europe, le télétravail semble plus populaire en France qu’en Allemagne (5 %) ou au Royaume-Uni (4,4 %). Finalement, la moyenne de l’UE est de 5,2 % des personnes actives, âgées entre 15 et 64 ans, qui ont travaillé à distance en 2018.

Ces chiffres datant d’avant la pandémie, ils ont dû considérablement augmenter aujourd’hui (pas de nouveaux chiffres disponibles pour analyser).

Le télétravail : tout le monde se l’arrache

Tout n’est pas rose

Il existe de nombreux articles sur le web listant les avantages du télétravail. Alors même s’il est vrai que celui-ci peut améliorer la productivité et l’engagement des employés, les Slashers aimeraient plutôt se pencher sur une autre conséquence, un peu moins rose, du travail à distance.

Un souci d’égalité hommes-femmes.

Selon les experts, le passage au télétravail suite à la pandémie de la Covid-19, entraînera une augmentation des inégalités des genres, à moins que les employeurs ne revoient leurs politiques de travail pour s’assurer qu’il n’y ait aucun désavantage pour certains ou plutôt certaines. Le passage au travail à distance, rendu nécessaire par la fermeture des bureaux, a entraîné un changement dans la culture d’entreprise, à tel point que le gouvernement envisage de légiférer pour faire du travail à domicile l’option “par défaut”. Ainsi, des millions d’employés ont pu profiter de plus de temps en famille et goûter à la vie sans les trajets domicile – travail. 

Initialement, il était espéré que l’adoption du travail à distance permettrait de combler le fossé entre les hommes et les femmes, tout en réduisant la “pénalité de maternité”. Pourtant, de nombreux experts se sont penchés sur le sujet et mettent en garde contre le modèle de travail hybride que les entreprises souhaitent privilégier à l’avenir. Cay Cooper, président du Chartered Institute of Personnel and Development, met un point d’honneur sur le fait que les hommes et les femmes doivent travailler autant de jours à distance, au risque d’observer des effets négatifs. 

Laisser le choix du lieu de travail entièrement entre les mains du personnel inquiète Joeli Brearley, fondatrice de l’association caritative Pregnant Then Screwed, qui soutient les femmes confrontées à la maternité ou à la discrimination liée à la grossesse. « Ceux qui ont des responsabilités en matière de soins ou qui souffrent d’un handicap auront tendance à rester à la maison et les autres employés iront probablement au bureau », a-t-elle déclaré.

« Ceux qui restent à la maison auront l’air de moins s’investir dans leur travail, ils n’auront pas une aussi bonne relation avec leur responsable, la personne qui peut les promouvoir et leur donner une augmentation de salaire », a ajouté Mme Brearley.

Le télétravail sans limite ?

Ce n’est pas une grande nouvelle, avec le travail à distance, les employés travaillent plus que jamais. Un coup d’œil aux e-mails à peine sorti du lit, la révision d’une présentation après minuit tout en étant en conférence téléphonique durant le dîner.

Si la flexibilité accrue a été une bénédiction à l’ère de la pandémie, elle s’est également révélée source de frein à la déconnexion. Si cette culture de la permanence est en marche depuis des années, de nombreux pays ont cherché à l’atténuer en adoptant des lois sur le « droit à la déconnexion ». Cette notion très XXIème siècle permet aux travailleurs de se déconnecter sans pénalités. En théorie…

Depuis des années, les pays du monde entier tentent de trouver le moyen d’adopter une législation efficace sur le droit à la déconnexion. Ces lois et règlements se manifestent de différentes manières – certains plafonnent la journée ou la semaine de travail, d’autres limitent la communication après les heures de travail. Toutes visent à protéger les employés contre le surmenage et à les mettre à l’abri de toute répercussion en cas de déconnexion. Mais la pandémie a laissé les travailleurs particulièrement épuisés, usés par les réunions Zoom à rallonge et le fait de ne plus avoir de frontière entre maison et bureau. Il n’a donc jamais été aussi important de s’attaquer au problème.

Malheureusement, la solution n’est peut-être pas aussi simple qu’il y paraît. En pratique, il peut s’avérer presque impossible de combiner la possibilité de se déconnecter avec la liberté de travailler à distance, surtout si cela implique de créer des horaires différents de ceux des autres collègues. Et, dans le pire des cas, certains experts préviennent également qu’une mauvaise gestion de ces initiatives pourrait compromettre une partie de la flexibilité que les travailleurs n’ont pu négocier que récemment.

Alors que certaines formes de travail à distance sont susceptibles de persister longtemps après la crise sanitaire, il devient urgent de mieux appréhender ce mode de fonctionnement. Cela nécessitera de nombreux changements, tels que des investissements dans les infrastructures numériques, la libération d’espace de bureaux et la transformation structurelle des villes. Cela risque également d’accentuer les inégalités et de créer de nouveaux stress psychologiques et émotionnels chez les employés, notamment en raison de l’isolement. Pour la plupart des entreprises, faire travailler les employés en dehors du bureau nécessitera de réinventer de nombreux processus et politiques de travail.