Suite à un article lu dans Elle (il n’y a pas de bêtes lectures), j’ai réalisé que malgré tout ce qu’on pouvait nous dire, les community managers mis en avant sont toujours relativement jeunes. On en trouve plus souvent dans la petite vingtaine que dans la trentaine, alors même qu’on nous serine qu’il n’y a pas d’âge pour être community manager, peut-être justement pour laisser la place aux fraîchement diplômés à qui on ne demande pas une expérience conséquente à un poste similaire.
Et pour cause : le community manager n’existe pas depuis longtemps. Je me souviens qu’en 2007 (il n’y a donc pas si longtemps), je proposais à mes clients de gérer pour eux un compte Facebook, un blog, etc. “Aucun intérêt”, “Pour quoi faire ?”, “Perte de temps”… furent quelques-unes des réponses que je reçus à l’époque. Aujourd’hui pourtant, à peine cinq ans plus tard, ils ont tous compris l’enjeu des réseaux sociaux et du web en général et se soucient presque plus de leur e-réputation que de leur communication traditionnelle (qui coûte vraiment trop cher !).
Mais alors, quid du community manager, quasi maître de l’e-réputation d’un client ? C’est lui qui gère la marque, le produit ou encore l’image d’une personnalité. L’enjeu est important, les responsabilités pas anodines, car ce qui passe sur le web un jour ne disparaît jamais complètement. Une seule erreur et c’est le tollé assuré. Or, les formations en e-réputation ne sont pas légion. Quelques grandes écoles ont bien compris qu’il fallait former leurs étudiants à ces nouveaux outils, tandis qu’une formation diplômante Bac+5 vient d’être créée à l’Université de Strasbourg avec l’ISER (Institut Supérieur de l’E-Réputation). Pour autant, les apprentis community managers sont-ils bien armés ?
On nous parle de génération Y qui maîtrise les LOLcats et le langage SMS, vit vissée à son smartphone et tweet nuit et jour (merci la planification des publications). Une génération de digital natives qui seraient comme autant d’extra-terrestres au comportement quasi-incompréhensible par le commun des mortels. Or, on se rend compte que certains community managers de renom (citons Yaëlle Teicher chez Voyages SNCF par exemple) n’ont plus 20 ans et maitrisent pourtant parfaitement les codes de la communication 2.0 (c’est également ce que montre le graphique de Social Fresh ci-dessus).
Si certaines entreprises, de part leur image jeune et leur cœur de cible encore plus jeune, donnent leur chance à de jeunes pousses (je reconnais une certaine accumulation de l’adjectif “jeune” dans cette phrase), d’autres hésitent encore, conscientes des enjeux. Il n’est donc pas rare qu’une marque artistique sans grand danger vis-à-vis de son image fasse appel à un junior alors qu’une entreprise plus à”à risque” se tournera vers des séniors déjà rôdés aux contraintes de la communication.
Quoiqu’il en soit, jeunes comme moins jeunes (je ne connais pas, pour ma part, de community manager de plus de 40 ans), les social media strategists ont, eux, un peu de bouteille et savent transposer efficacement ce qu’ils ont appris sur le web. Véritables piliers des stratégies média nouvelle génération, ils savent trouver le bon réseau, le bon moment et le bon message pour le bon public. Un savoir-faire que les community managers juniors, aussi doués soient-ils pour animer leur communauté, n’ont pas toujours en stock.