Le sexisme ordinaire transposé au digital

Rue du Commerce Interdit aux femmes

Début novembre, rue du Commerce a fait grand bruit en lançant son site réservé aux hommes. Un site jouant sur les clichés et incitant les mâles à investir dans des jeux vidéo, consoles et autres accessoires de bricolage tandis que la gent féminine était mise en garde : en poursuivant sur le site, elles risquaient de se retrouver dans un monde qu’elles ne comprendraient pas.

Les réactions n’ont bien entendu pas tardé, avalanches d’indignations en mode chiennes de garde pointant du doigt ce sexisme ordinaire. Un manque d’humour certain aussitôt dénoncé par les employées de rue du commerce. Le tweet “Breaking News! Chez Rue du Commerce nous sommes près de 50% de femmes! Nous assumons, et nous provoquons avec humour!” en dit long : aujourd’hui, les pincettes sont de rigueur dès qu’il s’agit de stéréotypes.

2014, le digital se prêterait-il à un vilain jeu de mormons..? Il faut avouer que les nombreux articles dénonçant le sexisme mis en avant par rue du Commerce sont affligeants de premier degré. De là à penser que le web est imperméable à l’humour, il n’y a qu’un pas… Bien pensants et défenseurs de l’égalité hommes-femmes s’en sont donné à cœur-joie en arguant que le discours se doit d’être le même et de ne pas opérer de différenciation de quelque sorte que ce soit entre les deux sexes.

Dès lors, que reste-t-il aux créatifs pour créer le buzz sans se faire incriminer aussitôt ? Le second degré autrefois prôné par les publicitaires semble désormais représenter un risque certain pour qui oserait l’utiliser. Pourtant, si le site avait d’abord lancé sa version pour les femmes, les réactions auraient-elles été si vives ou bien aurait-on accueilli cette initiative comme une innovation bien pensée ?

Le fait est que le marketing est devenu la cible de toutes les offuscations obscurément justifiées par le concept d’égalité entre les sexes, le tout en s’appuyant sur une loi qui n’a rien à voir avec un coup marketing. Le constat est alarmant : le discours se doit d’être lisse à souhait, représentant les hommes et les femmes de façon homogène et identique.

A ce rythme-là, nous ne pourrons bientôt plus montrer une femme en jupe si le mâle à ses côtés porte un pantalon. Au nom de cette sacro-sainte égalité, l’androgynie sera élevée au rang de norme dans une société où la différence n’a plus sa place, et encore moins en matière de publicité. Finalement, la prochaine avancée marketing politiquement correcte sera peut-être de montrer des hommes en bikini